Catamaran Black Pearl

2006

2011

2012

2013





Transpacifique


Après avoir laissé Jean-Luc prendre le bus pour l'aéroport, un tour au café-internet pour la météo et un dernier achat de produits frais, nous prenons la route pour les Marquises. Même si la météo n'est pas trop favorable en ce moment, nous décidons de nous lancer dans la traversée du plus grand océan, le Pacifique. La transpacifique des Galapagos aux Marquises fait 3000 MN, soit 5600 km avec une vitesse d'environ 10km/H : vous voyez un peu le tableau ?!!? Bref, un bon mois à naviguer sur les flots du Pacifique.

Carte de notre transpacifique

Première semaine
Océan Pacifique Cette première semaine est sous le signe de la pétole. Le départ se fait sous petit vent que le spi retient suffisamment. Les Kon Tiki (catamarans historiques qui étaient avec nous aux Galapagos) partent en même temps que nous. Ca fait du monde sur l'eau. Mais à la nuit le vent tombe complètement. Nous alternons les petites brises puis les mers d'huile sans air. N'ayant pas embarqué de gasoil en plus et n'étant pas du genre à tout faire au moteur, on prend comme ça vient.

En voyant un voilier au loin nous mettrons les moteurs pour le rejoindre et papoter : ils sont américains, un père et son fils et vont à Hiva Oa. Curieusement, il y a du vent ici, alors que 2 miles avant, rien. Cette semaine est aussi sous le signe du dauphin. Nous en voyons tout les jours et presque deux fois par jour. Tantôt indolents, tantôt bondissant, tantôt petit groupe de dix individus, tantôt bande d'une cinquantaine, ils ne viennent pas nous voir, trop....immobile. Nous verrons même une otarie qui se rapproche à trois mètres. Elle se tourne sur le dos, nous montre sa nageoire arrière, se retourne, se gratte et cabriole puis repart. C'est gracieux à voir nager.

Ce que je n'imaginais pas c'est de voir Laurent s'agacer de ce temps. Comme tout les hommes finalement il aime quand ça avance même si cela signifie que le bateau tape et est invivable, ça avance c'est tout ce qui compte. Là, il ronge son frein. (NdP : ce qui est difficile, c'est que j'ai la même météo sur sept jours : calme plat, au mieux trois noeuds de vent ! et je dois faire avec çà ?!!? pas facile... je suis ravi quand on fait plus de deux noeuds... mais bon, je fais avec, je ne trouve pas que je sois agacé, j'aimerai juste avancer un peu plus, faire un petit trois noeuds de moyenne, ça serait sympa). La stratégie en ce début de navigation est de gagner un maximum de Sud pour atteindre les alizés de Sud-Est de l'hémisphère Sud. Une fois atteint, ceux-là nous porteront tranquillement jusqu'à destination. Mais en ce moment, ils fluctuent pas mal et sont assez bas, par 7°S. Alors Laurent essaie de jouer avec le peu de vent et les courants pour descendre.

Cath contemple lMoi, je tombe définitivement amoureuse de la mer... crotte de poule ! J'suis foutue ! C'est tellement beau à regarder : rien à l'horizon ni bateau, ni terre, une mer d'huile, lisse, sans aucune vague, sans rien qui déchire sa surface (NdP : Attention, elle va finir par lire Moitessier, et là c'est foutu pour la vie ! d'ici qu'elle me dise qu'elle ne veut pas s'arréter aux Marquises mais continuer tout droit à l'ouest jusqu'à plus soif d'océan, histoire de sauver son âme, moi j'dis y a pas loin...). Juste les ondes de la houle qui donne du mouvement et encore ! Parfois la houle est minime. Puis petit à petit, des ridules, des vagues nonchalantes, un souffle qui passe, la naissance d'un vent qui va créer les vaguelettes puis les vagues et enfin le voilier qui avance doucement.

Proverbe du jour : on voyage avec son coeur, et non avec ses pieds.
(c'est de moi, si si j'vous assure !)

Thomas plonge en plein Pacifique Les enfants, eux, s'occupent remarquablement (école, repas, jeux, dessins animés, dodo), même si Thomas au saut du lit me sort régulièrement un "j'm'ennuie" complètement embrumé de sommeil !! sacré loulou. Son grand jeu c'est de sauter du bateau (je précise : par pétole) par plus de 3 000 mètres de fond ! Ca c'est drôle ! Il plonge vraiment bien maintenant : Enzo et Thimothé (les copains rencontrés à Cuba sur Ti'Plouf et Kapuera, merci les grands) lui ont montré et lui ont appris à plonger. Depuis, Thomas s'entraîne et maintenant il plonge comme un chef. Romane essaie de l'imiter mais le résultat est, nous devond bien l'avouer, moins concluant... Nous avons acheté des jeux de sociétés (le monopoly panaméen notamment un cadeau de Jocelyne et Roland) et nous faisons des parties de plusieurs heures avec les enfants.

Au bout de la permière semaine, le rythme est pris par tout l'équipage. Pas de problème à ce niveau-là. Nous ne sommes vraiment pas fatigués : la nuit, nous dormons sur nos deux oreilles, nous mettons les feux de route, le radar et au lit tout le monde. Il n'y a personne sauf quelques bateaux de pêche qui eux assurent la surveillance car eux ils bossent. Nous nous levons deux à trois fois par nuit pour régler un peu les voiles si le vent est revenu ou s'il a tourné. Que c'est agréable, il faut bien l'avouer. Ca nous change de la Caraïbe où la mer était dure, et la veille se devait d'être permanente à cause des nombreux cargos qui la parcourent en tout sens.

Cette fin de semaine sera ponctuée par les jeux d'un groupe de thon à la proue pendant plus d'une demie-heure ! Ils sont superbes, avec des reflets bleu acier ou violet électrique. Par contre, impossible de les pêcher ! Quelle poisse ! Dire que nous avons à moins de deux mètres dix thons de 50 à 80cm et impossible d'un prendre un... Grrrr ! Nous ne sommes pas prêt de manger du poisson frais. Dommage.

Deuxième semaine
Pat dans les alizésPour féter la fin de la première semaine, nous touchons une bonne journée du vent d'ouest-nord-ouest, ce qui nous permet de faire notre record de distance en vingt-quatre heure depuis le début de cette traversée, soit quatre-vingt milles nautiques dans le sud. Le moral remonte d'un coup. Le lendemain, durant la nuit, nous touchons les alizés, un gentil vent de sud-est d'environ dix noeuds. Cette deuxième semaine commence plutôt bien. En plus, nous sortons une petite dorade juste avant midi, pile-poil pour un super poisson cru-citron-tomate-épices en entrée.

Cath n'arrête pas de faire plein de truc : à manger, du pain, un peu de lessive, ménage... (NbC : Ouais d'abord !! y'en a marre ! Grrrèèèvvveeee !!). J'avoue que je me laisse complètement porter par le temps en ce moment, ie à part les voiles, je ne fais pas grand chose à vrai dire. Mais que çela fait du bien de passer un temps hors du temps justement, à regarder la mer, les vagues. J'oublie tout et en même temps, je médite sur plein de trucs.

Ciel plombé par la dépressionLe 30 mars, nous prenons une grosse dépression. Dans la journée, nous n'aurons que peu de pluie mais nous sommes entourés de grain. Le ciel est plombé, tout gris, un vrai temps breton ! Le soir, on ne voit même pas la lune tellement le manteau nuageux est épais (on est pourtant à mi-lune). Plusieurs grains sévères s'abattent sur nous pendant la nuit : pluie, pluie, pluie. Nous sommes obligés pour une des premières fois de fermer la double porte vitrée entre le carré et le cockpit. La nuit est longue, faite d'angoisse en regardant les éclairs qui tombent autour de nous, faite de réglages des voiles sous des torrents de pluie. Je rentre tout mouillé, je m'essuie, je me couche dix minutes et c'est reparti, je re-règle les voiles... Vers une heure du matin, j'entends des piaillements (je me demande si je rêve, si la fatigue me joue un tour). Mais non, je vois grâce à ma lampe torche un oiseau passer juste à côté du bateau. Mais que fait-il là celui-là ? Et ensuite, je trouve sur le pont deux oiseaux bien mal en point apparemment. Nous les laissons se reposer sur le pont cette nuit, Vénez (notre chat) aura interdiction d'y aller. Ils finissent par repartir au petit matin. Vers trois heures du matin, le vent semble finir par se maintenir, je m'enfonce dans un sommeil bienfaiteur, mais trop court à mon goût : lever à 6h30 (NbC : ben oui, les gosses, eux, font des nuits complètes ET réparatrices !).

Au matin, le ciel est toujours plombé, tout gris. Le moral n'est pas au plus haut. J'avais espéré que la dépression serait passée cette nuit. C'est seulement en fin d'après-midi qu'elle finit par passer. Dans la journée, nous oscillons entre génois seul ou spinnaker : en fonction de la force du vent. Sous génois, nous filons six noeuds ; sous spi, nous faisons des pointent à dix noeuds, ça déboule ! Mais je limite l'usage du spi, je ne voudrais pas avoir de la casse et la route est encore longue jusqu'aux Marquises. En cours de journée, d'un coup je capte que nous sommes samedi. Je suis tout étonné car je ne savais plus du tout quel jour nous étions, et si l'on m'avait demandé, j'aurais été bien en peine de penser que nous étions samedi. Je me sens complètement hors du temps ici. Seuls le cycle solaire quotidien, le cycle lunaire, l'océan et le vent comptent ici.

Ciel plombé par la dépressionJuste au moment où j'écris ces lignes, Thomas vient de nous appeler en disant qu'il y avait de l'eau dans leur cabine. Aye, ça c'est pas cool. Bon, on a un peu l'habitude, l'eau vient du moteur, on ouvre la cale moteur, et effectivement, c'est plein d'eau, vraiment beaucoup (plus de 100L.). En plus elle est mélangée à de l'huile qui était dans la gate moteur. Je m'étais dis la dernière fois qu'il fallait que je la nettoie. Là je confirme, j'aurais dû le faire ! Bon, on pompe la plus grande partie de l'eau et on verra le reste demain car la nuit tombe et je préfère me plonger dans le nettoyage de la cale et la réparation de la fuite demain. Je suis assez serein, même si c'est le moteur où il y a le dessalinisateur. De l'eau, ça doit provenir d'une durite qui fuit, reste à la trouver ... demain.

Et le lendemain, on démarre le moteur, aucun problème, on lance le dessalinisateur et là, une durite haute-pression fuit à plein pot ! Pas cool, je n'en ai pas de remplacement. Bon, Cath et moi réfléchissons cinq minutes et nous trouvons une solution théorique : en déplaçant la membrane, on tire sur le tuyau, et ça doit passer si on recoupe la durite juste après la fuite (NbC : on avait monté la membrane sous le cockpit, il y avait donc un peu de marge de tuyau). Reste le problème de l'embout, est-il démontable et remontable au milieu de la durite ? Et bien, malgré tous les si, on réussit à réparer cette durite en la racourcissant de 70 cm, et l'embout haute-pression, on réussit à le démonter et à le remonter sur le nouveau bout de la durite. Du coup, nous sommes soulagés. Nous avions déjà commencé les calculs du type : on a 150L. d'eau, à 8L./jour, quasiment 20j... Mais on a aussi du coca, des jus, du pinard (bon j'suis pas sûr que ça hydrate bien le pinard...) et du rhum, donc ça aurait pu le faire (NbC : ou pas ;-) ). Du coup, ce soir c'est apéro pour se féliciter d'avoir fait cette réparation avec les moyens du bord.

La fin de cette deuxième semaine est marquée par l'anniversaire de Cath : aujourd'hui, on met les petits plats dans les grands ! A commencer par le petit déjeuner, avec un super saucisse-been's-oignons-tomate-oeuf au plat, spécialité anglaise. Avec ça dans l'estomac, on commence bien la journée ! A midi, faritas faites maison (Cath fait elle-même les tortillas, humm, un vrai régal !), ananas en dessert. A 4h, super gateau au chacolat avec les bougies et les cadeaux. Le seul pépin de la journée est une déchirure dans notre spi sur une bonne longueur : nous n'avons pas assez de bande adhésive pour voile pour la réparer. Du coup, nous mettons du chaterton, ça devrait tenir, nous verrons bien.

Troisième semaine
Le temps est souvent maussade comme la deuxième semaine, peu de moments où le ciel est bleu et ensoleillé. Les alizés sont établis, même si en prenant la météo hier, je me suis aperçu qu'on était au bord et qu'il fallait prendre un degré Sud supplémentaire si nous ne voulions pas nous retrouver le lendemain dans un flux d'Ouest : nous étions à 7°S, il fallait descendre à 8°S pour rester dans les alizés. Notre route se poursuit vers l'Ouest à un rythme de cent vingt à cent trente milles nautiques par jour. J'y vais doucement, je préfère ne pas tirer sur le bateau, et surtout ménager un confort plus important à l'équipage (NbC : ouais d'abord ! l'équipage prime !).

Cath en paréo Cath se pose des questions sur la suite du voyage, ne va-t-elle pas arrêter ? En traversée, cela lui arrive des fois de se dire, à quoi bon continuer ? Surtout quand le ciel est gris, que ça tape... bref que la plaisance est tout sauf très plaisant. Je la comprends. Je ne sais pourquoi mais ces temps-là, moi je les aime tout autant que les ciels ensoleillés. Ils me rappellent ma jeunesse en Bretagne avec mes parents où l'intérieur du bateau fleurait bon le renfermé, l'humidité saline... on était bien dans notre cocon familial entouré de chaleur parentale et fraternelle. Mais pour Cath la Terrienne, ces conditions sont juste synonyme d'inconfort. Néanmoins, elle sait qu'une fois arrivée à destination, les difficultés de la traversée sont bien vite oubliées. Les souvenirs ne sont-ils pas toujours bons ? Et puis il y aura également la fierté d'avoir traversé le Pacifique, c'est quelque chose !

Par Catherine : c'est vrai que souvent lorsque les traversées sont longues ou dures (j'aime pas les traversées ! surtout après nos expériences des Caraïbes), je me dis :"mais qu'est-ce-que je fais là ???". Franchement. Ca tape, ça tangue, ça roule, le génois claque fort, les gamins sont insupportables à force d'être bloqués dans cet espace restreint, ils chouinent, ils me réclament tout le temps, ils ne veulent pas faire école, les nuits sont coupés par le règlage des voiles, le fait d'écouter toujours d'une oreille tous les bruits du bateau "au cas où". Bref. Je ne parle même pas de mes envies de bonnes bouffes (aaahhh le comté, le morbier, un bon camenbert bien fait, une boîte chaude, de la cancoillote avec des patates, une ffooonnnndddduuuueee, la blanquette de veau de ma môman !! arf !! oui bon je rêve que de fromages mais je ne suis pas française pour rien !!). Bref qu'est-ce-que je fais là ? Ma famille me manque, nos amis, les arbres, les forêts aussi, un jardin, les magasins (bien achalandés SVP). Je savais que mon point faible ce serait de supporter 24h/24 les enfants et le mari dans un espace restreint - je ne m'imaginais pas que faire école serait encore plus pénible (je ne suis pas prof, pas pédagogue et je n'ai pas la formation) et ils ne sont qu'en début d'élémentaire ! Argh !. C'est beaucoup plus simple au mouillage. Je peux m'évader en plongée ou tous les envoyer à la plage. Mais ici, au milieu de l'océan, je craque un peu. Je sais qu'une fois arrivée aux Marquises j'oublierai mon coup de cafard et ce sera reparti pour un an ? 2 ? 3 ? allez savoir ! Carpe Diem comme dirait certain. Un rayon de soleil et déjà mon moral remonte. Comme quoi...

Quel jour sommes-nous ? Je regarde sur l'ordinateur, nous sommes le samedi 7 avril 2012. Un samedi soir sur la Terre, plutôt sur la Mer pour nous. Cela fait deux semaines que nous n'avons vu personnes à l'horizon. Cela m'impressionne comme nous nous sommes bien habitué à être seul.

Hier, nous avons voulu faire de l'eau. Le dessalinisateur étant réparé, nous avons lancé le système mais au bout d'une heure, je m'aperçois qu'il y a un problème, et à nouveau la cale moteur est pleine d'eau de mer, pas cool. Cath s'est motivée à enlever l'eau de la cale. Pendant ce temps, profitant d'un gros grain, moi et Romane faisons le plein du tank à l'aide de bombonnes de 5 L. et d'un entonnoir en récupérant l'eau qui s'écoule de la grand-voile. Comme ça au moins, même si nous n'arrivons pas à réparer, nous aurons de l'eau pour terminer la traversée. Pas de problème de ce côté-là. Mais bon, il commence à faire chier ce dessal ! Pas un souci en un an depuis qu'on l'a remis en fonctionnement (ie changer la pompe de gavage, cf voir récit sur Sainte-Croix et Martinique), et là coup sur coup, ça pète. Il doit y avoir une autre raison qui fait que les durites claquent. A cogiter paisiblement demain. Oui car aujourd'hui, j'avais pas l'envie de me plonger dans la cale moteur, de devoir la nettoyer (car il y a tout plein de trace d'huile, la gate n'était toujours pas nettoyée ;-(( ).

le genois sur un catamaran plein vent arriere Hier aussi, nous avons renvoyé le spi et les réparations que nous avions faites n'ont pas tenues, zut, flute ! Donc pour le moment, plus de spi, snif. Du coup sous génois, le bateau avance moins vite. Cette nuit, le génois a battu sans cesse : il se gonfle, puis dévente un peu et paf se gonfle d'un coup en claquant, résultat assez stressant pour l'équipage... (NbC : oui ! précise l'équipage car toi tu dormais comme une marmotte !). Mais ce matin, j'ai trouvé une bonne parade : j'ai mis une écoute de spi au génois en la faisant passer à l'extérieur du bateau. Cela assure un écartement important du génois qui reste ainsi gonflé tout le temps, il ne bouge presque plus et en tout cas ne claque plus du tout : un vrai bonheur (NbC : merci merci). Le ciel est toujours plombé de nuages gris, le vent oscille entre 15 et 25 noeuds, la mer est assez forte, houle de 2m, mer assez hachée, je pense que plus au sud, il doit y avoir des dépressions importantes. Avec ce temps, nous n'avons pas chaud (on n'a pas froid non plus, je vous rassure, il fait quand même 25/26°C) et du coup, on apprécie un bon thé chaud vers les six heures du soir, pour le coucher du soleil.

Romane : Thomas et moi, nous jouons dans le carré pendant toute la matinée à la DS, aux légos et des fois aux playmobils (Nb Maman : quand on ne fait pas école). Hier on a construit des cabanes avec des coussins. A midi, on a été obligé de tout ranger, mais après mangé, on a tout refait, c'était encore mieux. Des fois on sort dehors pour aller prendre l'air, le paysage est très beau. On s'est habitué à la mer. Notre chat Vénez mange les poissons volants qui tombent sur le pont. Nous n'avons pas pêché mais maman nous a quand même régalé avec de la purée maison et des côtelettes de porc, c'était drolement bon (NdP : première "vraie" viande depuis une semaine ! hormis les knackies en boîte ou du lard). A l'école, j'apprends les verbes, ce matin le verbe Avoir. On fait quelques dictées aussi. Pendant ce temps là, Maman et Thomas jouaient sur leur DS et bouquinait.

paques : les oeufs made on board de paquesAujourd'hui, nous sommes le lundi de Pâques, et la terre la plus proche de nous est...l'île de Pâques, c 'est pas beau ça ? Moi, je trouve ce fait excellent. Sinon plus prosaïquement, les enfants ont réclamé leurs oeufs de Pâques, que nous n'avions pas pris (NbC : je veux bien prévoir les anniversaires, les petites souris, les surprises, mais là les oeufs de Pâques en janvier ou février.... pas pensé!). Du coup, pour éviter une mutinerie qui aurait eu comme conséquence certaine le passage du capitaine par dessus bord pour faute grave d'omission des oeufs de Pâques, Cath-la-maître-coq a confectionné des petits paniers de M&M's, des macarons encore meilleurs que ceux de Ladurée et des rochers coco-chocolats (sorte de pyramide en coco enrobée de chocolat) : bref, un super méga Lundi de Pâques ! Evidemment, Papa le joueur a caché astucieusement tout cela dans le bateau, à l'intérieur comme à l'extérieur. Les petits ont donc du chercher leurs oeufs made in board avant de pouvoir les déguster.

Arc-en-ciel solaire observé dans le pacifique Ce même jour, nous avons assisté à un phénomène très surprenant et assez rare : un arc-en-ciel solaire (ou halo solaire). Nous vous avions déjà parlé du cercle lunaire que l'on aperçoit quelques fois autour de la lune par des nuits au ciel voilé (voilé par des nuages de cristaux de glace). C'est signe de mauvais temps approchant : Lune cerclé, pluie annoncée!. Et bien aujourd'hui, nous avons pu admirer un arc-en-ciel autour du soleil. Le cercle parfait faisait un ampan de rayon (un ampan est une mesure historique, il s'agit d'une main à bout de bras tendu, cela fait environ 22°). C'était magnifique à voir, on distinguait bien les couleurs, le rouge au centre, puis le jaune, et le vert et bleu sur l'extérieur. La photo ci-contre montre assez bien la chose même si nous percevions mieux les couleurs que sur la photo, le contre-jour de la prise de vue atténuant les couleurs de l'arc-en-ciel solaire. Ces phénomènes connus, mais que les terriens ne voient pas souvent, agrémentent notre voyage et j'avoue être content de voir ce genre de merveilles de la nature. Nous avons aussi pu voir le rayon vert au coucher du soleil, notamment à La Blanquilla. Nous ne nous lassons pas de constater les splendeurs de Dame nature.

Coucher de soleil sur le pacifique Et pour couronner cette merveilleuse journée de Pâques, le coucher de soleil est splendide de rougoyement (voir la photographie ci-contre). Cath dort (NbC : fatiguée de cuisine de Pâques), les enfants sont devant un DVD (NbC : Le Tour du Monde en 80 DVD!), je profite de ce moment de calme et de silence devant ce spectacle qui, déjà au mouillage ou vu depuis la terre, est magnifique. Mais alors vu ici, c'est totalement extraordinaire, je dois bien l'avouer. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense soudain que cela fait deux semaines que nous n'avons pas vu d'autres bateaux ou âmes qui vivent. Loin de tout, nous menons notre vie au rythme des jours qui passent, insousciant des problèmes du monde mais bien conscient de notre chance, je vous rassure ! Nous lisons beaucoup Cath et moi. J'ai relu de nombreux livres de mer comme Tamata (Moitessier), "Je suis né deux fois (Kalita), "Tour du monde en solitaire sur un voilier de onze mètre" (Slocum) où je lis que le capitaine Slocum, arrivant aux Marquises depuis l'île de Juan Fernandez après 43 jours de mer décide de ne pas s'y arrêter et préfère continuer jusqu'aux Samoa, soit encore 29 jours de mer... C'est ici que ce genre de récit prend toute sa saveur : je me vois bien dire à Cath et les enfants : "Bon, et si on ne s'arrêtait pas mais qu'on continue un peu ?..." Non, Nous, on s'y arrêtera aux Marquises, pour sûr ! (NbC : moi je relis tout mes romans policier et il ne va pas la jouer Moitessier ou Slocum longtemps parce que sinon je le cuisine comme dans mes bouquins :)) ).

Quatrième semaine
La fin de la troisième semaine et le début de la quatrième semaine sont marqués par l'arrivée du beau temps depuis Pâques. Le ciel s'est dégagé, le soleil brille à nouveau dans le ciel, la mer est plus douce et d'un bleu vraiment océan. Ce sont là les alizés paradisiaques. Nous installons même les tauds de protection du cockpit pour être au frais.

2 enfants à l avant du catamaran dans le PacifiqueAu point de midi, point GPS que je fais tous les jours pour voir notre avancée, il nous reste moins de 1000 MN, soit un tiers. 1000 MN, c'est long, mais vu d'ici, cela semble presque rien, une semaine de navigation en gros. Le rythme est bien pris par tout le monde, même si nous avons quand même accumulé un peu de fatigue, mais pas trop. Nos nuits complètes nous permettent de bien récupérer (NbC : complète... euh tu peux expliquer ce que tu entends par là ?). Le matin, nous faisons assez bien école, même si des fois, les enfants ne sont pas du tout motivés... mais bon, on avance bien à ce niveau-là (NbC : vision idyllique et fantasmée... moi, j'en ai marre, carrément !). Romane lit de mieux en mieux, elle écrit assez bien. Nous commençons l'ensemble des très (trop !) nombreuses règles de la langue française : la conjugaison des verbes du 1er groupe, du 2ieme groupe... l'accord des adjectifs (masculin/féminin, singulier/pluriel, le COD est-il avant le verbe ? et le COI, et la femme à Georges Moustaki, elle avait quelle âge ?!!?). Cath et moi, nous le savions que faire l'école serait le plus dur, c'est bien vrai. C'est souvent une corvée et en plus, elle revient tous les jours ! Bien heureux le navigateur solitaire, ou en couple sans enfant...

Ce matin, nous passons un bon moment à l'avant du bateau. Le ciel est tout bleu, la mer belle. Le bateau filoche bien à 8 noeuds. Les vagues viennent lécher les pieds des enfants (cf photo ci-contre). Un vrai mmoment de bonheur partagé en famille. Le bateau ne bouge pas trop malgré l'allure un peu de travers et la mer assez houleuse. Alors que cette nuit, la houle avait quasiment disparue, elle est revenue dans la matinée. Il doit y avoir de grosses dépressions dans le sud car durant cette traversée nous aurons eu assez souvent une houle bien formée.

Venez le chat guette les poissons volants En début de soirée, je suis tranquillement dehors quand j'aperçois une tache de lumière dans l'eau à 3m du bateau. J'appelle Cath et Romane pour leur montrer, parce qu'après elles ne me croient pas si elles ne le voient pas (comme l'histoire de la raie faisant des saltos aux dessus de l'eau, cf Galapagos). Et Cath se rend compte que ce sont des dauphins. La lune n'est pas encore levée et avec le plancton phosphorescent, le passage des dauphins au ras du bateau dessine comme des faisceaux tout en arrondi, c'est impressionnant. La tache de lumière apparaît quand les dauphins expirent leur air sous l'eau,avec le plancton, cela provoque de la lumière, tout simplement magnifique. Nous sommes comme médusés par ce spectacle que nous offrent nos amis les dauphins (NbC : un son et lumière incroyable. Si vous avez déjà joué avec un baton embrasé et fait des arabesques avec, nous là, c'est pareil. Les dauphins dessinent des arabesques de planctons).

Aujourd'hui, nous sommes le vendredi 13, heureusement nous ne sommes pas supersticieux (NbC : et on a rien fait de la journée histoire d'éviter les catastrophes). Nous avons fait 140 MN, notre meilleure journée depuis cette traversée. Il nous reste 800MN, je pense que nous allons mettre 6 jours pour arriver au Marquises. Par contre, à l'école, cela a été la catastrophe : ni Thomas ni Romane n'ont été assidus. Du coup, les parents se sont franchement énervés...(NbC : énervés.... tu veux dire que j'ai failli étrangler Romane et passer Thomas par dessus bord et que c'est seulement parce que je faisais des scoubidous et que, donc, j'avais les mains prises, que je ne n'ai rien fait ? ah ! oui ! alors si c'est ça que tu veux dire, oui, on était énervés, OK). Bref. Le temps s'allonge curieusement en cette fin de traversée. Les jours s'écoulent, le vent est établi même si il y a des hauts et des bas souvent en fin de nuit et en fin de journée. Vent solaire ? Nous regrettons d'avoir déchiré le spi. Je préfère ne pas tenter de le réparer, de peur qu'il ne se déchire plus la prochaine fois si je fais mal le boulot. Mais les voiles en ciseau, ça se passe bien. Cela fait un moment que nous n'avons pas vu de dauphins. Curieux. Vénez, elle, continue de trouver ses poissons-volants sur les filets, voir quelques petits calmars (Thomas en sera pour ses frais d'un coup d'encre !). Et nous ? du poisson ? ben non ! rien ! Pffff !

Cinquième semaine
Pour mal finir la semaine et mal commencée la suivante : un poisson a explosé ma canne à pêche !! argh ! m'enfin ?! En fait, sans surveillance, nous n'avons pas vu ni entendu le fil se dévider entièrement, puis le bas de canne tout simplement casser. La canne pliée en 2 à l'horizontal, le poisson tirait comme un beau diable. J'ai pris la canne juste avant qu'il ne parte avec mon rapala. Ouuuuiiiiinnnnn ! Alors qu'on aurait pu avoir un énorme thon ou une dorade bien dodue... rien !! snif ! J'vais mettre une clochette à ma ligne. Vendredi 20 : Terre ! Terre ! Youpi ! On pointe sur Ua Huka. Sublime. Et le GPS qui nous donne un nouveau record : 150 MN en 24h. Notre record de la traversée. C'est beau ! On en pleurerait. Bon c'est pas tout ça mais un apéro s'impose ! On devrait arriver avant la fin de journée.

Nous arrivons dans un premier mouillage mais il nous semble trop rouleur. Nous repartons. Pour l'anectode Laurent s'est fait une frayeur : plus de barre !! Argh. Appuie sur le gros bouton rouge, là, marqué "stanby". Le pilote était mis, pas étonnant qu'il n'ait rien à la barre. Hihihi ! Bon allez, second mouillage. Nous passons entre 2 cailloux, l'un plat et vert, l'autre rouge sang. Quelle splendeur ! Le second mouillage est nettement mieux avec une belle vue sur une plage avec cocotiers. Mais là, ah tiens, plus de guindeau ! Screugneugneu ! Fait exprès ou quoi ? Pas grave, on mouille à la main, à l'ancienne. Ah ! les plaisirs de la voile !!

Galerie de photo de notre Transpacifique :
Image d une transpacifique




Soyez le premier à commenter cet article.
Votre nom :
Commentaire :

Dans le nombre 23578, quel chiffre est après 7 :