Catamaran Black Pearl

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Saint Barthélémy - mouillage devant le port Gustavia


Mon frère m'a demandé de le rejoindre aux Antilles pour faire la traversée retour de l'Atlantique entre Saint-Martin et Horta (Açores). La traversée s'est déroulée en 4 semaines, les 2 premières semaines ont été cool, la troisième semaine nous a fait subir 4 dépressions successives. La dernière semaine pour rejoindre Horta s'est faîte dans des conditions difficiles suite aux diverses avaries survenues lors de la tempête.

Je rejoins mon frère en Guadeloupe, ti'punch dès l'arrivée à l'aéroport. Hum, ca commence bien ! Suivi d'une petite soirée tranquille à boire plusieurs ti'punch sur un voilier ami de mon frère. Je passe donc sans transition de la froideur de l'hiver parisien au soleil de la Caraïbe.

Le lendemain, après un ravitaillement, nous allons mouiller près de la Rivière Salée, rivière qui traverse du Sud au Nord la Guadeloupe et qui permet d'éviter de faire un grand tour de l'île. Levé à 5h du matin pour l'ouverture des ponts, Nous traversons la Guadeloupe de nuit à travers la forêt luxuriante. Une fois passée la rivière, nous mettons cap au Nord, direction Saint-Barthélémy que nous atteignons 24h après. Durant la nuit, nous croisons au milieu de la petite mer formée par les îles d'Antigua et Barbuda à l'Est et Montserra, Saint Kitts et Nevis à l'Ouest, un énorme paquebot qui navigue à vue à l'aide d'un projecteur qui éclaire tour à tour tous les bateaux afin de se créer une route. On se tient à bonne distance de ce mastodonte.

"soleil, bain, mouillage rêveur..."

Arrivé à Saint-Barthélémy, je retrouve les sensations ressenties lors de mon voyage de noces aux Antilles : soleil, bain, mouillage rêveur... Nous mouillons devant le port de Gustavia et allons visiter la ville qui est très belle, une opération à la Poste nous prend 2 heures (qui a dit qu'on bougeait avec La Poste !??). Suite à un problème à mon oeil droit, je vais à la pharmacie qui se situe à gauche du port et ils m'indiquent un ophtalmologiste, je prends un RDV chez l'ophtalmologiste (situé à l'autre bout du port) pour un examen. Le médecin, femme de marin qui est venue aux Antilles en voilier et y a posé ses valises, me déconseille de traverser l'Atlantique avec un oeil pareil mais je lui dis que je ne peux pas faire autrement, elle me donne des gouttes et me demande de la rassurer une fois arrivé en France. Très sympa, elle a été d'un accueil charmant. En fait, comme elle est la seule ophtalmologiste du coin, elle s'occupe de toutes les îles environnantes aussi. Du coup, elle parcourt souvent les différentes îles en avion. Après avoir acheté les gouttes à la pharmacie à l'autre bout du port, on visite un peu l'île. Les rues sont très belles, les maisons peintes de couleurs vives donnent de la joie de vivre. Le centre ville est occupé par de nombreuses boutiques très chics (Chanel, Dior, ...) car l'île bénéficie d'une détaxe, donc nombre de paquebots déversent leur passagers afin que ceux-ci puissent acheter à des prix moindres les produits de luxe français. Ensuite, on monte à la station Météo France qui domine le port et la baie du mouillage, la vue y est magnifique. Ils ont de la chance ceux-là, sympa comme poste.

Saint-Martin : Philipsburg, Simpson Bay et Marigot


Après 2 jours à Saint Barthélémy, on part pour Saint-Martin. On arrive dans la baie de Philipsburg, immense baie qui propose un excellent abri pour mouiller par tout vent sauf vent de Sud. Nous tombons en extase devant le fameux Star&Strip , voilier américain de l'América's Cup, qui tire des bords tranquillement dans la baie. Ce voilier est une pure merveille à voir évoluer. Nous descendons à terre pour visiter mais, même après une heure de marche, le coin ne nous plaît pas : restaurant, casino, boite de nuit... rien de très beau, cela sens l'air de la consommation à outrance. Nous sommes du côté Néerlandais de l'île et rien n'est fait pour marcher, pas de trottoir, les voitures (gros 4*4) aux vitres teintées, Tout cela ne nous inspire pas trop. Nous sommes venus à Saint-Martin pour assister à la fameuse course Heineken, célèbre course de voiliers. Le lendemain, nous partons pour un autre mouillage, Simpson Bay. Le mouillage est bien plus rempli de voiliers mais nous arrivons quand même à nous mouiller assez proche de la plage. Nous profitons du beau temps pour nous baigner et nous voyons même une petite tortue nager : c'est trop mignon, elle sort sa tête de l'eau 2 à 3 fois de suite pour respirer puis repart en plongée pendant une assez longue distance. Cet animal fait vraiment préhistorique tout en étant assez agile.

"nous voyons même une petite tortue nager : c'est trop mignon"

Une descente à terre nous montre un visage plus sympathique de Saint-Martin, et le soir venu, nous dégustons une bonne bière et un barbecue avec d'autres touristes, surtout américain. Le lendemain, première journée de course, nous assitons à la course depuis la plage et voyons de superbes voiliers évoluer sous toute la garde de robe (génois, gennaker, spi...). On rigole bien lorsqu'un voilier se prend le gouvernail dans une bouée à virer. Du coup, les autres concurrents qui arrivent ne savent plus où est la bouée... Puis on décide de suivre le troupeau, on relève l'ancre et on suit la course en contournant l'île par l'ouest. On arrive à Marigot, on se met au mouillage, la baie est grande ici aussi et nous n'avons aucun mal à trouver une place pas trop loin de la plage. On visite Marigot qui est du côté français de l'île. C'est beaucoup plus joli et entretenu que de l'autre côté de l'île. Peu avant notre arrivée, un gendarme français s'est fait tuer dans l'île. On se dit qu'effectivement, la présence française n'est pas trop souhaitée par les îliens, pourtant nous constatons que le côté français est nettement plus agréable que le côté néerlandais de l'île. Le soir, c'est la fête à Marigot en raison de la course. Il y a un concert très sympa de Raggae plutôt tonic.

Le lendemain, nous mettons le bateau en ordre pour partir pour la traversée. Nous finalisons nos achats (oeuf, oignons, ...). Demain, on part. Le lendemain matin, je file à la boulangerie pour acheter 2 gros pains qui doivent durer une semaine. La boulangère me dit que c'est idiot, si je les avais prévenu la veille, il nous aurait fait du pain-bateau (cuit 2 fois) qui dure bien plus longtemps. Tant pis, bon à savoir pour la prochaine fois ! Nous levons l'ancre et disons au revoir aux Antilles, prochaine escale : les Açores.

Traversée de l'atlantique en mars 2006 à 2 sur un voilier de 9,10m

Au départ de Marigot (Saint-Martin), le vent d'Est-Nord-Est nous oblige à tirer quelques bords pour passer Anguilla avant la nuit, puis nous tirons plein Nord, en mettant un peu d'Est dans notre cap, mais le vent de Nord-Est nous oblige à laisser plein Nord. Le temps est au beau et ce départ est bien agréable. A deux, nous faisons des quarts la nuit, mais cela est très confortable car le temps est chaud la journée, et la douceur de la nuit est très appréciable. Vétu d'un simple short, les quarts de nuit nous présente un ciel étoile de mille feux. Je passe des heures à révasser, à savourer chaque minute et bien souvent, le temps de 3 heures de quarts est amplement dépassé quand on va réveiller l'autre. Les 3 premiers jours, nous avons un bon vent qui s'incline un peu sur l'Est donc nous pouvons grignoter quelques milles à l'Est en tirant un cap à 15-25°.

"comme il est de coutûme en mer des sargasses, un calme plat nous tombe dessus"

Au quatrième jour, comme il est de coutûme en mer des sargasses, un calme plat nous tombe dessus. Plus un brin de vent, après quelques tentatives, nous plions les voiles et attendons le retour du vent. Les sargasses, longues algues qui remontent à la surface nous entourent. La mer est totalement plate, pas une ride sur l'eau. la sensation est spectaculaire, au milieu de nulle part, pas un brin de vent, pas une ride, une très légère houle. Cela a tendance à énerver mon frère qui ne peut s'empécher de rouspéter. Moi, j'en profite pour dormir tout mon saoul (en effet, je viens de quitter mon boulot et ma vie parisienne très animée et j'ai besoin d'un temps d'adaptation même si cela fait une semaine que je suis aux Antilles). Les journées passent à écouter de la musique, à jouer aux échecs (mais mon niveau pitoyable ne me laisse que peu de chance de gagner). Des baleines nous passent à côté, moment toujours surréaliste que de voir ces mamifères géants évoluer avec tant de douceur. Le bateau est arrété depuis 24h. On passe un long moment à les regarder en essayant de les voir au mieux, ce qui n'est pas évident car on ne sait pas où elles vont ressortir pour inspirer.

"nous assistons à la naissance d'un vent"

Après 2 jours de calme plat total, nous assistons à la naissance d'un vent. Léger souffle au début, il prend petit à petit de l'ampleur pour nous donner un bon force 3 établi. Ce qui est impressionnant, c'est qu'il n'y a aucune vague, tout juste quelques rides sur l'eau. Du coup, le bateau avance tout droit sous pilote aérien. Une trace totalement droite sur des milles. C'est vraiment impressionnant comme phénomène et pour qui a l'habitude de l'aérien, on voit bien que rares sont les moments où le bateau va totalement droit. Cela dure pendant 2 à 3 heures avant que les vagues se forment petit à petit et nous sommes sous le charme de ce vent revenu, ou plutôt naissant. La fin de la semaine nous contraint à perdre tout l'Est qu'on avait réussi à gagner en raison du vent Nord-Est qui nous oblige à faire un cap à 340°. La deuxième semaine, nous atteignons enfin les lattitudes nous donnant du vent d'Ouest et nous mettons le cap plein Est en mettant un peu de Nord dans notre route. La température a déjà bien baissé mais cela reste agréable, même la nuit, un tee shirt nous suffit. Les vagues et la houle, sans devenir grosses, présentent déjà l'aspect océanique, longue houle et le bateau avance bien dans cette mer que nous prenons de l'arrière.

"je me demande si je suis toujours à bord ou non"

A la fin de la deuxième semaine, la fatigue commence à se faire ressentir et c'est là que tombe la nouvelle, sur RFI, gros temps à venir, et en plein sur nous... Heureusement, lors du départ, pour s'amuser, j'avais gréé le tourmentin et donc on avait improviser un étai de fortune à l'aide d'un petit bout. Nous prenons le premier ris, puis le second rapidement, mais le temps continue à se détériorer. Les vagues commencent à déferler mais cela ne nous inquiète pas trop, ca semble être bon. Puis, sans prévenir, nous voyons une vague pas franchement menaçante déferler juste derrière le tableau arrière et elle finit dans le cockpit. Moi, à la barre, je suis totalement dans l'eau d'un coup et je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je ne touche plus le bateau, ne sent rien de dur pendant un instant, je me demande si je suis toujours à bord ou non... ma tête touche quelque chose de dur et je m'y cramponne en me disant qu'il s'agit du bateau. En effet, c'est le balcon arrière, la vague est repartie. Ouf, j'ai eu une belle frousse et je me dis qu'il faut absoluement s'attacher, expliquant à mon frère que j'ai bien cru être à la baille. Lui dans la descente a eu le temps de se mettre à l'intérieur. A partir de là, nous sommes attachés avant même de sortir, et le temps se dégrade rapidement.

"je me rends compte de l'état de la mer : c'est titanesque"

Nous passons sous tourmentin seul mais nous constatons que nous manquons de vitesse, je vais à l'avant pour amener le tourmentin et là, je me rends compte de l'état de la mer, c'est titanesque : grandiose et effrayant. Les vagues sont très espacées mais des bandes d'écumes blanches traces la mer de lignes droites. Durant la manoeuvre, mon frère qui serveille l'arrivée des vagues par l'arrière me dira par trois fois de m'agripper. Durant la première vague, je me suis couché sur le pont, la vague cassant sur le cockpit a parcouru tout le bateau, et moi, allongé sur la plage avant, je me suis retrouvé entièrement dans l'eau. C'est dire les vagues qu'on s'est pris. Je n'avais jamais vu cela de ma vie, j'étais exité mais surtout je comprenais que la mer pouvait être 'méchante'. La force du vent devait être élevée mais cela ne nous faisait rien en comparaison de l'état de la mer. Nous avons renvoyé un peu de génois et l'homme de barre naviguait les yeux rivées sur l'arrière pour négocier chaque vague et tenter d'aller vers des zones où les vagues ne déferlaient pas trop... On a eu de la chance, j'ai vu des vagues déferler, casser la mer sur des étendues plus grandes que des terrains de football. Après le déferlement énorme, la zone restait blanche d'écume pendant plusieurs minutes. A chaque fois, je me disais, "Ouf, heureusement qu'on n'était pas là-bas" (zone qui se situait à 400 ou 500 mètres de nous tout au plus).

"j'ai vu des vagues déferler, casser la mer sur des étendues plus grandes que des terrains de football"

Nous avons continué ainsi durant la nuit. On se relayait souvent à la barre car la tension et l'effort était important pour l'homme de barre. Durant la nuit, alors que je dormais dans le carré, j'ai senti d'un coup le voilier partir, je me suis retrouvé sur le bordé, puis contre le hublot du roof. A ce moment, j'ai compris que le bateau partait en chavirage. Au même instant j'ai senti les objets me tombaient sur les jambes (boite de conserve, ...) mais rien de grave, rien de lourd, je me suis relevé de mon sac de couchage et le bateau était retourné (peut être pas complêtement mais j'étais contre le bordé qui était en bas). La situation a duré peu de temps (30 secondes peut être), puis le bateau s'est remis droit et ne sachant que faire, j'ai crié 'Cyril ?' à plusieurs reprises, je ne pouvais pas bouger, j'attendais qu'il me réponde. je savais que je n'avais rien, tout juste quelques bleus aux jambes mais j'étais paralisé par l'idée que mon frère n'étais plus à bord... Puis d'un coup, il a passé sa tête par l'ouverture de la descente et là un immense soulagement m'a envahi : ouf, il était toujours là.

"il n'entendit plus un bruit, il se retourna et vit un mur noir"

Il m'a expliqué qu'il barrait quand tout un coup, il n'entendit plus un bruit, il se retourna et vit un mur noir monter au dessus de lui juste derrière le voilier. Il n'a rien pu faire pour l'éviter, il s'est retrouvé à l'autre bout du cockpit sur un des passavants. Heureusement qu'il était attaché, sans cela il ne serait pas resté sur le bateau.

L'intérieur était tout retourné, et il y avait de l'eau partout, au-dessus des planchers. Première chose à faire : vérifier le grément. Résultat : les haubans babord qui pendent (du à la violence du choc du mat et des voiles avec l'eau lors du chavirage car ce sont ceux qui étaient sous le vent). Nous avons pris la cape tribord amure pour que ceux-ci ne servent pas à maintenir le mat. Une fois la manouvre effectuée (quelques minutes), nous nous sommes attachés à vider l'eau du bateau et à remettre en ordre tout ce qui avait valsé. Il m'a semblé important de faire cela rapidement car le voilier déjà lourd l'était encore plus avec toute cette eau et me semblait représentait un risque. Au petit matin, cela était presque fait quand une seconde vague vint vous coucher à nouveau, nous n'avons pas fait d'eau mais une grande parti du rangement effectué du être recommencé.

Ce jour-ci, je me suis dit que je vivais à côté de la mort, elle était juste là, à quelques mètres de nous et que nous pouvions très y passer, que seule la réussite (ou la chance) nous permettrait de nous en sortir. Ce sentiment, sans me faire peur, m'a fait réfléchir à ce que je tenais vraiement. Ma fille, je me suis dit que je me devais de m'en sortir pour elle, pour qu'elle est un père et que ma femme serait bien triste si je ne rentrais pas. Ensuite, nous nsou sommes attaché à réparer le haban : l'axe du ridoir du bas a cédé mais il s'est coincé sous l'effort dans la gorge du ridoir. Heureusement, mon frère possède une chigniole (perceuse manuelle) et à force d'effort, nous avons fini par retirer l'axe du ridoir. Nous avons mis en place un nouvel axe et la réparation fut fini. Les autres ridoirs semblait en bon état.

Nous trouvions que notre cape n'était pas bonne, trop ouverte, nous avons commencé à fabriquer une ancre flottante mais avant de la mettre à l'eau, j'ai proposé qu'on envoie un peu de grand-voile pour voir si cela ne nous permettait pas une meilleur cape, et comme ce fut le cas, nous n'avons pas mis à l'eau notre ancre flottante improvisée. Exténué, je me souviens mettre dit que peu importe ce qui nous arriverait, on saurait faire face à toutes les situations, à réparer même si on perdait le mat. Mon frère a conseillé qu'on dorme, après tout il n'y avait pas grand chose à faire et il valait mieux reprendre des forces suite aux évènements qu'on venait de subir. Nous nous sommes endormi, baloté de tout bord, l'intérieur complêtement humide, je me souviens trembler de froid, mouillé jusqu'au os dans mon duvet sur le plancher, mon frère prenant la couchette de navigation. Nous faisions des sommes de quelques heures, puis nous regardions la mer, nous attendions que la tempête passe. Le lendemain, nous avons dans l'après-midi renvoyé en route pendant quelques heures avant de reprendre la cape pour passer une nuit plus tranquille. A la météo sur RFI, toujours la même chose, dépression suivante... 4 au totale, coup sur coup...

"La liste des avaries était importante"

Petit à petit, nous avons remis en route. La liste des avaries était importante : plus de pilote aérien, irréparable. Donc plus de pilote tout court. Cela signifiat qu'à partir de maintenant, nous allions barrer 24/24h. Plus de GPS, enfin le principal qui marchait sur la batterie, l'antenne ayant rendu l'âme. Mais on avait un GPS de secours sur pile. La lampe du compas HS donc plus de compas la nuit, sauf à allumer une lampe de temps en temps. Du coup, nous nous sommes mis à barrer avec les étoiles : on se cale sur le cap qu'on veut suivre en éclairant le compas, on note la position d'une étoile dans les haubans, et ensuite on a plus qu'à laisser cette étoile toujours à la même place. Bien sur, au bout d'une heure on recommence l'opération car les étoiles bougent dans le ciel, sauf à prendre l'étoile du nord, ce qui nous arrivait souvent.

Les coutures du génois donnait des signes de faiblesse et nous avons du passer une matinée entière à les reprendre à la main. A ce moment-là, je m'aperçu que le ridoir du pataras présenter un problème : l'axe était fendu et le U du ridoir s'écartait. Je dis à mon frère qu'il fallait tout de suite gréer 2 drisses en tête de mat pour soulager le pataras, drisse qu'on reprendre sur des palans pour les tendres vraiment. Mon frère décidé de monter en tête de mat attacher les 2 drisses par un noeuds de chaise, le bateau oscillait beaucoup et mon frère malgré son agilité eu beaucoup de mal à réaliser cela, en descendant du mat, il s'assit au pied et se mit à pleurer pour évacuer le stress enduré. je compris que l'effort enduré avait été à la limite de ses capacités, mais dans ces moments-là, quand on est dans le mat, on sait que nos mains ne vont pas lacher, c'est dur mais on en prend conscience. Néanmoins, après l'effort, cela fait du bien de pleurer pour soulager le corps et l'émotion.

Tout cela a duré 5 jours puis nous avons remis en route, le temps allant au mieux et nous permettant de refaire route vers l'Est.

La dernière semaine fût assez dure car le rythme agréable des 2 premières semaines avait laissé place à un rythme plus soutenu : quand on est de quart, on barre pendant 3 heures sans s'arréter, on ne peut rien faire d'autre. Quand on n'est pas de quart, on se repose, on mange et on prépare un café pour celui qui est de quart. De plus, notre remontée vers le nord nous refroidit et si les jours restent agréable, les nuits sont maintenant froides et nous mettons pull et veste de quart, patalon et ciré pour les jambes.

"les quarts de nuit qui semblent être des éternités"

Une semaine à se relayer toutes les 3 heures, les quarts de nuit qui semblent être des éternités, qui semblent n'en plus finir. Et j'ai pu constater à quel point la fatigue était en nous : mon frère s'était équipé d'un réveil énorme avec une sonnerie qu'on remonte, mais le genre de sonnerie à vous réveiller un mort. Au départ, je lui avait dit qu'avec çà au moins, pas question de rater le réveil et il avait souri en me disant que si, au bout d'un moment, on n'entend plus la sonnerie même en mettant le réveil contre son oreille. Et c'est vrai, la nuit, le réveil avait beau sonner et réveiller tous les poisons aux alentours, celui qui dormait ne l'entendait même plus tellement nous étions fatigués. L'homme de quart était obligé de descendre le secouait pour le réveiller, ce qui se faisait rapidement vu l'envie pressante d'aller se lover dans le duvet que nous partagions (hum aller se coucher dans un duvet déjà tout chaud...).

L'arrivée à Horta ne posa pas de problème et nous commencions à avoir pris le rythme de ces quarts. J'ai même empanné (génois tagonné) seul de nuit la veille de notre arrivée, sans réveiller mon frère. La manoeuvre fût délicate car je ne pouvais pas lacher la barre plus de 30 secondes d'affiler... Mon frère fût très surpris en se réveillant ce coup-ci et en constatant qu'on avait empanné sans qu'il s'en aperçoive. Nous sommes arrivée à Horta en même temps qu'un ovni 385 dont les 2 hommes (l'un d'eux est skipper) nous ont dit avoir subi le même temps que nous. Eux non plus n'avait jamais connu une telle tempête et ils ont du manger froid pendant une semaine suite à la panne de leur réchaud. Nous les avons plaint car nous étions content de pouvoir mangé chaud, cela requinquait bien de manger un cassoulet bien chaud.

"face aux évènements, nous n'avons jamais paniqué"

Pour conclure cette traversée, je garde en tête qu'il a été primordiale pour notre survie de pouvoir réparer un maximum de chose grâce aux nombreux outils que mon frère avaient à bord. De plus, face aux évènements, nous n'avons jamais paniqué mais nous avons toujours essayé de trouver une solution : nous ne nous sommes jamais engueulés et nous avons toujours fait en sorte d'aller de l'avant, même si en nous, certains moments ont été dur à vivre.

Je déconseille de faire la traversée durant le mois de mars, attendre avril ou mai est signe de bon sens marin. Certe, cela fût une aventure inoubliable mais nous sommes conscient que cela aurait pu tourner au drame et que rien ne vaut le prix d'une vie, surtout pas le désir de se prouver qu'on peut y arriver. N'ayant pas d'anémomètre à bord, nous n'avons pas su la force du vent mais l'ovni arrivé en même temps que nous, nous a dit avoir vu leur anémomètre dépassé allègrement les 50 noeuds.

"ce n'est pas la force du vent qui compte, mais plutôt l'état de la mer"

En plein océan, ce n'est pas la force du vent qui compte, mais plutôt l'état de la mer, il faut avoir vu une telle mer pour se dire qu'à tout moment, on peut y passer. La mer peut être 'méchante', je l'avais lu mais de le voir, j'en comprends mieux l'ampleur de la signification. Nous n'avons jamais envisagé de nous mettre dans le radeau de survie, le voilier que nous avions, une construction artisanale en acier nous a toujours inspiré confiance, en tout cas bien plus qu'un pneumatique.

Un dernier point, une réflexion que je me suis faite au cours de la tempête : avoir un téléphone satellite ne nous aurait pas servi car je ne l'aurais jamais utilisé pour appeler à l'aide, j'aurais eu trop peur de mettre en danger d'autres vies. Mettre en danger la mienne, c'est mon choix mais certainement pas celle d'autres personnes. Et je n'aurais pas appeler ma famille, cela les aurait trop inquiété je pense, de savoir qu'on était dans une telle situation.




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