Catamaran Black Pearl

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Navigation de Makemo à Fakarava


Une de nos premières navigation dans les Tuamotu. Nous nous sommes fait avoir sur plusieurs points mal appréhendés. Pleine d'enseignements, cette navigation m'a beaucoup appris sur les Tuamotu et ces difficultés de navigation malgré les outils modernes d'aide à la navigation.

Makemo, départ par la passe Nord (passe tapuhiria)
Départ de Makemo à six heures du matin pour Raraka : 60 MN à faire, vent d'Est. J'espère atteindre Raraka dans la journée, avant la renverse de courant dans la passe. Nous levons l'ancre sans problème. Tiens, j'aurais dû trouver cela bizarre, c'est bien la première fois ici. Mais en fait, j'ai passé une heure la veille pour mettre la chaine au propre des patates de corail. Une fois l'ancre levée, nous constatons avec Cath que nous n'y voyons rien au niveau des patates de corail. Bon, on va y allez doucement, ça va le faire. Deux minutes plus tard, stop - marche arrière toute ! Et paf, on touche une patate ! Mer@@@### bord##àà de mer##@@@de ! Bon, quelques petites vagues nous en délivre assez rapidement. Notre situation est mal partie, la passe n'est pas très loin mais nous n'y voyons rien. Le soleil n'étant pas encore totalement levé, nous ne pouvons pas voir les patates et les éviter (NbC : on voit les papates mais on ne distingue pas leur profondeur. Alors ? 1 mètre ou 10 cm ?? roulette russe!). Que faire, demi-tour (nous avons déjà parcouru un tiers du chemin) ou poursuivre, dans les deux cas, le risque de taper une autre patate est possible.

Nous continuons tout doucement et dix minutes plus tard, paf, encore une patate. Et celle-ci, nous nous mettons dessus avec les dérives. Nous avons mal pour le bateau, peur de l'abimer gravement, c'est notre maison.
Je ne vous dis pas comme nous nous maudissons. Tous les guides le disent, il ne faut naviguer qu'avec le soleil haut et dans le dos, entre 9h et 16h. Et bien oui, je confirme qu'à 6h du matin, c'est une connerie, que nous sommes en train de faire (NbC : on apprends toujours de ces conneries, c'est l'expérience qui rentre, et ça fait mal !).

Le bateau ne reste pas longtemps sur la patate heureusement. Les petites vagues nous en sortent, le moteur aide aussi. Ouf, nous l'avons échappé bel sur ce coup-là. Mais bon, comme le disait un grand navigateur : "Seuls ceux qui ne naviguent pas ne tallonnent jamais" (Eric Tabarly). Pour rejoindre la passe, nous allons tout doucement : nous mettons une heure pour faire un demi-mille. Mais bon, nous arrivons à la passe sans autre mésaventure. Nous devrons regarder les dégâts une fois arrivé.

Nous sortons facilement de Makemo avec le courant sortant qui nous fait filer hors du lagon (NbC : un beau tourbillon en plein milieu de la passe tente de nous dévier, c'est impressionnant, on se sent tout "léger"). Le vent d'Est nous permet d'établir le spi, et zou le bateau prend une bonne vitesse. Le vent n'est pas aussi fort que les prévisions météo l'annoncaient. Entre cela et le retard pris pour rejoindre la passe, l'arrivée à Raraka à temps est compromise. Du coup, j'analyse les possibilités et je vois que Kauehi, l'atoll juste après Raraka offre la possiblité d'entrer de nuit. La passe est éclairée et un chenal balisé et lumineux amène au village et au mouillage. Donc pas de risque de se prendre une patate à nouveau... "chat mouillé craint l'eau froide !"

Kauehi, Tentative d'entrée par la passe Arikitamiro
village de makemoLa journée de navigation se passe bien, sous spi. Hum c'est agréable. Nous arrivons vers 20h à 15 MN de Kauehi, je mets en panne pour attendre 23h, heure à laquelle nous pourrons entrer par la passe de Kauehi. Le courant y sera rentrant, enfin je le pense. C'est une des difficultés de naviguer dans les Tuamotu, il est difficile de savoir quand le courant sera entrant ou sortant dans une passe. En bretagne, nous avons les éphémérides des marées. Ici je ne sais pas si il y en a, je ne pense pas. Et en fonction des passes, le courant peut sortir plus longtemps que la marée, ou moins longtemps... et l'écart peut être important. Voire dans certaine passe le courant est toujours sortant...

Nous nous présentons à 23h devant la passe de Kauehi, et là, pas de balisage lumineux, alors que nous l'avons vu une heure avant... hummm rageant. En plus la nuit est bien noire, pas de lune, nous n'y voyons rien. Nous ne distinguons même pas les motus. Juste devant la passe, nous décidons de ne pas y aller avec Cath, je pense que les problèmes du matin à Makemo jouent sur notre prudence. Mais bon, si on se plante, adieu bateau : une erreur signifierait que nous allons sur le platier. Le catamaran file à 7 noeuds, à cette vitesse, on va mettre le bateau sur le platier, et là, ce serait foutu. Nous ne prenons pas ce risque (NbC : on a connu une histoire comme ça d'un gros cata de 47 pieds qui a sauté une première barrière de corail pour aller s'échouer sur la seconde... bbbbrrr). Donc nous repartons, mais pour où ??? Après 10 minutes à étudier la carte, direction Fakarava. Le vent s'est bien levé depuis le début de nuit, et nous mettons 4h pour faire les 30 MN entre Kauehi et Fakarava (plus de 7 noeuds, ça ouize !).

Direction Fakarava
village de makemo Arrivée devant la passe Nord de Fakarava (passe Garuae) vers 4h du matin, Nous tentons de passer, je pense que cela doit le faire, mais hélas non. Le courant est bien sortant déjà. Bon, ben nous sommes bon pour attendre jusqu'au matin. Nous sommes morts car du coup nous n'avons pas fait de quart, Cath et moi sommes restés éveillés un peu tout le temps. Nous tirons des bords sous le vent de Fakarava, nous prenons la cape mais depuis notre mésaventure à Raroia, je n'ai pas confiance en ma cape qui a failli nous envoyer sur le platier... du coup, nous surveillons toutes les 10 minutes.

Vers 8h, une deuxième tentative, ça passe presque mais non (NbC : avec un moteur en moins, c'est sûr !), il faut attendre encore un peu. Et à 10h, hop ça passe tout seul. D'ailleurs, le courant rentrant opposé au vent de Sud-Est lève dans la passe une sacrée mer, des vagues courtes claquent en tout sens, on appelle ce phénomène le mascaret.

Le ciel est plombé, tout gris ; nous suivons le chenal bien balisé qui mène au village. Nous n'avons qu'une hâte : mouiller, prendre le repas de midi et hop au lit pour se remettre de cette navigation pas très cool. La navigation en elle-même s'est bien passée, toute la journée sous spi, puis la nuit vent de travers durant lequel le bateau a bien filé. Mais ce qui nous a fatigué, c'est le départ stressant, le raté de Raraka, puis de Kauehi et finalement l'attente devant Fakarava.

Bilan de cette navigation
Heureusement, ce n'est pas une navigation type ; je me poserais des questions sur mes compétences de marins sinon ;-) Mais bon, ça arrive, même au meilleur, la preuve. Enfin le meilleur, le meilleur, certes mais c'est pas à moi de le dire !! (humour je vous rassure, phrase tirée de "OSS117 à Rio") (NbC : le même qui dit :"l'égalité des sexes ! on en reparlera quand il faudra porter un truc lourd ??).

Cette navigation est pleine d'enseignement. Il nous faudra désormais soit prévoir de tout petit parcours, soit prévoir de passer la nuit en mer, quitte à se laisser dériver à la cape. Au niveau des heures de marées dans les passes, il faut que je trouve quelque chose. C'est assez pénible de jouer au petit bonheur la chance. Bon cela se fait mais quand même, nous serions mieux avec des horaires plus sérieux (NbC : ça me rappelle un type avec son bateau acier qu'il venait tout juste d'acheter et qui tente de remonter le courant du Raz de Sein. mouuaaaahhh ! mort de rire ! on s'était bien marré! Hein Tonton C.). Le vent depuis un mois dans les Tuamotu tourne assez souvent. Il passe souvent au Nord, à l'Ouest puis Sud pour revenir sur le secteur Est (Sud-Est à Nord-Est).

Nous ne pouvons pas forcément tenir une cape devant une passe. Par exemple à Kauehi, il n'était pas possible de se mettre à la cape pour attendre le matin. Nous aurions beaucoup trop dérivés et nous n'étions pas du tout protégés.




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